samedi 12 mai 2018

Restauration: Stanley no. 3, rabot

J'ai entrepris de restaurer un de mes nombreux rabots.  Je n'ai pas choisi le pire mais ce n'était pas le mieux non plus.  Un intermédiaire avec une bonne quantité de rouille sans être un rebut complètement rouillé.  Nous allons donc discuter de dérouillage, d'affûtage et de mise-en-forme.

Voici donc son aspect avant la restauration




Vue de la semelle et du fer.



Vue générale lorsque démantelé.



J'installe une grande courroie de papier sablé sur mon établi que j'ai protégé pour ne pas le salir.  Tout ce que je veux sabler et garder droit va être fait là-dessus et les endroits arrondis vont se faire avec un morceau de papier sablé tenu dans mes mains et/ou une lime fine.




Je débute par aplanir la semelle et j'enchaine par les côtés (ailes).  La semelle avait été marquée au crayon feutre question de voir la progression du sablage et le degré de planéité.  Je suis chanceux car cette semelle a été très rapide à sabler parce qu'elle était quasiment droite avant que je ne débute.



Semelle et ailes complétées.



Vous devez porter une attention particulière au siège. Si celui-ci n'est pas assis parfaitement dans la base ou que la lame n'est pas assise parfaitement sur le siège, vous aurez des problèmes de vibration et jamais votre rabot ne fonctionnera correctement.  J'utilise des jauges d'épaisseurs (filler gauge) pour m'assurer que tout est bien assis et que je n'ai pas de jeu spécialement près du tranchant de la lame.


Le rabot étant entièrement démantelé, chacune des pièces est sablée.  Sur ma grande courroie je sable le fer (je fais bien attention de ne pas sabler le dos près du biseau), le contre-fer, le presseur et le siège (frog).  A la main je fais le guide latéral, les vis et certain coins rebelles du contre-fer et du presseur.
Je gratte le vernis ou la laque qui reste encore après toutes ces années.



Voici toutes les pièces prêtes à être laquées ou assemblées (il ne reste qu'à affûter)




Je m'attaque au fer.  Comme c'est souvent le cas, le dos de la lame est piquée à l'endroit ou le contre-fer joint le fer tout près du biseau.  Je dois sortir mon touret manuel et j'enlève environ 6mm (1/4") à cette lame et j'ai maintenant du bel acier sain que je peux affûter.

J'utilise un guide pour établir correctement le biseau principal sur ma pierre grossière et il sera à 25 degrés.  Sachant qu'avec mon touret j'ai établi un angle de quelques degrés de moins que 25, il est très facile d'avoir un morfil rapidement.



Après quelques minutes sur ma pierre la plus rude.



J'enlève le guide et je fais un léger biseau arrière (sur le dos de la lame) comme je le fais toujours.  C'est à cette étape que je suis en mesure de dire si je pourrai avoir un fer parfaitement affûté.  Donc, je fais le biseau arrière et je regarde attentivement ce biseau avec une loupe pour être bien certain qu'il n'y a que du métal sain sans rouille ni fissures.



Le fer est maintenant parfaitement affûté (dans la section affûtage de ce blogue j'ai un descriptif et une vidéo de ma technique).



Le contrefer doit aussi être préparé.  Il doit s'asseoir parfaitement sur le dos de la lame.  Si ce n'est pas le cas, des copeaux pourrait s'insérer entre les deux et, éventuellement, le rabot cessera de fonctionner.  De plus, un contrefer bien préparé et bien ajusté tout près du tranchant (<0.25mm ou 0.01") permettra de réduire ou d'éliminer complètement (ou presque) l'arrachement.  C'est ce qu'on appelle l'effet contre-fer ou "chipbreaker effect".



Pour que l'extrémité du contrefer soit bien assis, il est important de donner une pente vers l'arrière au contrefer qui a été préalablement meulé sur la pierre.

Je prépare maintenant mon mélange de flocons de laque et d'alcool dénaturé et c'est parti pour la dernière étape.



Les poignées sont laquées.  Il ne reste plus qu'à ré-assembler le tout.



Et voici le produit fini après une couche de cire d'abeille.



Autre vue.



Tout ce processus m'a pris environ 3 heures incluant la prise de photos.  Ce rabot est parfaitement fonctionnel et devrait durer de nombreuses années.

C'est un travail malpropre mais c'est très gratifiant d'avoir utilisé un rabot rouillé et non-fonctionnel et de lui avoir redonné une deuxième vie.

Normand

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