mardi 8 mai 2018

Projet: Fabrication d'un établi Nicholson


On dit souvent que ça prend un établi pour construire un établi.  C'est ce qui est arrivé à un copain ébéniste néanderthalien qui vient tout juste de déménager.  Il avait déjà tout le bois nécessaire et un plan.  Je lui ai proposé d'être le fabriquant pour cet établi.  Voici donc un pas-à-pas montrant comment fabriquer un établi Nicholson.



Un peu de contexte.  L'établi sera construit en sapin Douglas et sera du type Nicholson muni d'un étau Véritas comme celui-ci.



Il y aura deux plateaux de 75 mm (3") d'épais et 150 cm (60") de long avec 16 mm (5/8") d'espace entre les deux.  Un des plateau aura 30 cm (12") de large et l'autre, incluant la ceinture, aura 38 cm (15").

Je débute par les collages et je rabote une face qui sera celle du dessous.  Ce sera ma face de référence et elle doit être bien droite et sans vrillage pour que les assemblages des pattes soient d'aplomb.  Un plateau vrillé est passablement rigide et pourrait, s'il y avait du vrillage, soulever une des pattes.



Ce rabotage grossier se fait avec un rabot 5-1/4 avec une lame ayant une courbure d'environ 8 à 10 cm (3 ou 4") de rayon.



Vous remarquerez que j'ai tracé des lignes au crayon.  Celles-ci me servent de guide pour savoir si certains endroits sont plus bas que d'autres.

Chaque plateau sera raboté avec mon no. 8 de Millers Falls.  Je ne l'utilise pas souvent celui-là mais c'est vraiment le bon rabot pour l'application avec sa grande longueur et sa large lame.

Je vérifie le vrillage avec mes bâtons.



Je coupe le plateau à sa longueur finale.



Après avoir marqué une ligne avec un couteau sur tout le périmètre, je coupe doucement en suivant bien la ligne avec un égoine à tronçonner.





Les extrémités seront rabotés à la ligne en faisant attention pour ne pas avoir d'éclat à la sortie du rabot.  Vous remarquerez aussi que j'ai coupé en ayant le dessus de l'établi en haut.  Si jamais je dévie de ma ligne les éclats de la scie seront en dessous du plateau.

Je colle ce qui sera la ceinture avant et qui va éventuellement recevoir l'étau.



Lorsque coupé à la longueur voulu je dois raboter l'extrémité.  C'est une longue pièce alors je dois monter sur un banc.  Je ne prend que de fines coupes sinon toute la pièce vibre.  Ce rabotage de grain de bout est fait par un no. 4 de WoodRiver que j'aime particulièrement.



Les deux plateaux sont maintenant prêt à être assemblés aux pattes.  J'attaque donc les pattes et les tenons mortaises.

Les pattes doivent être sans vrillage sinon les tenons ne seront pas bien appuyés sur la patte et il pourrait y avoir un jeu de visible.  Je veux que mes tenons soient toujours bien d'équerre sur les pattes alors je fais attention dans la préparation des pattes.

Encore les essentiels bâtons de vrillage.



Je m'assure que mes pattes sont d'équerre



Je les coupe à la bonne longueur après les avoir marquées sur tout le périmètre avec un couteau, le tout avec une égoïne encore une fois.



Je rabote les extrémités des pattes en faisant toujours attention de ne pas provoquer d'éclats.  On peut distinguer la marque du couteau spécialement sur les côtés gauche et droit.



Je les chanfreine au rabot no. 4 et les identifie.



Toutes mes pattes sont fabriquées et c'est le temps de marquer l'emplacement des mortaises.  Pour qu'elles soient toutes à la même hauteur, je les marque toutes en même temps.



Je creuse les mortaises avec une bédane de 12 mm (1/2") (c'est ma plus large) de Narex.  Ces ciseaux bon marché me surprennent par la durée de leur tranchant.  L'ergonomie laisse cependant un peu à désirer.





Les mortaises sont complétées.



C'est au tour des tenons.  Pour ceux-ci, je coupe les épaulements et je laisse pas mal de matériel.

Vous pouvez voir sur la photo suivante les lignes du trusquin et la coupe passablement éloignée des lignes sur l'épaisseur du tenon.



Avec une guimbarde, je réduis graduellement l'épaisseur du tenon jusqu'à ce qu'il s'insère parfaitement dans la mortaise.  La guimbarde m'assure que les faces du tenon seront parallèles.



Je termine l'épaulement au ciseau en donnant une légère pente vers l'intérieur.  Autrement dit, je m'assure que l'extérieur de l'épaulement soit le point haut.  De cette manière je suis certain que l'épaulement sera parfait...ou presque.



Petit changement de conception de la part de mon ami.  Il aimerait que la jupe soit plus longue.  Je dois donc assembler ensemble deux pièces de 37 x 150 mm (1-1/2"x6") .  Ça prend des morceaux bien droit et sans vrillage pour un assemblage de ce genre.

Nous n'avons jamais assez de serres...





Rabotage de la jupe.  Je suis bien content d'avoir deux étaux.



Assemblage à sec.



Je procède avec les percements pour recevoir les tirefonds.  Les plateaux seront boulonnés au piètement.



Les pattes sont maintenant collées avec les traverses et j'assemble le tout.



Finalement l'établi est sur ses quatre pattes  et le rabotage du plateau débute.



Pour ce travail il faut avoir de grandes règles pour pouvoir établir où sont les points hauts et raboter en conséquence.  Je me fabrique des bâtons de vrillage appropriés à cette grande surface.



Je vérifie régulièrement avec ceux-ci.

La majorité de ce rabotage sera encore fait par mon rabot Millers Falls no.8.  Au tout début j'ai eu de l'arrachement et c'était une grande surprise parce que j'avais placé mon contrefer bien près du tranchant.  Après vérification, le contrefer était juste un peu trop loin.  Lorsque tout sera plat à mon goût un rabotage final sera fait avec coupe très mince (<.025 mm ou <0.001") et contrefer bien ajusté en utilisant un Lie-Nielsen 4-1/2.

Cette petite erreur m'a coûté pas mal de temps parce que l'arrachement était relativement profond.  La leçon à tirer est qu'il faudrait toujours faire un essai sur une retaille avant de commencer.
L'ajustement du contrefer semble être un art.  Ça prend de la pratique.

Vue d'en dessous.




Dessus.


Etabli complété.



L'étau, de même que la finition, seront complétés par mon copain.  Lorsqu'il aura terminé j'obtiendrai des photos et je les ajouterai à ce billet.

Normand

Aucun commentaire:

Publier un commentaire