dimanche 13 mai 2018

Divers: Philosophie d'un hobby

Bonjour à tous,

L'ébénisterie manuelle - non électrique - est assez populaire de nos jours mais la plupart des gens me regardent drôlement lorsque je leur dis ou leur montre ce que je fais.  Avec l'internet on a accès à plein de gens qui s'intéressent à ce sujet mais leur nombre absolu est quand même très faible.  La plupart des personnes n'ont jamais entendu parler de cela.

Tout le texte suivant se passe à l'été 2006.
Comment en suis-je arrivé à travailleur avec des égoines et des rabots?
Tout a commencé lorsque j'ai décidé de me batir un établi d'ébéniste à mon petit chalet.




A cette époque je n'ai que deux rabots, tous deux ayant appartenus à mon grand-père.  J'ai donc un vieux Stanley no. 4 avec la tige de la poignée avant soudée à la semelle et une très longue varlope en bois avec un fer rouillé au-delà de toute récupération.  Je n'ai que du papier sablé bien ordinaire pour l'affûtage des fers.  Soyez tranquille, à ce moment je n'ai aucunement l'intention de fabriquer un établi d'ébénisterie avec des outils manuels.



Le Stanley no. 4 a été complètement rebati, dérouillé, etc

Comme ciseaux à bois, à l'époque, j'ai des anciens Canadian Tire et une égoïne, une Disston, pas bien vieille (20 ans environ) à tronçonner qui n'a jamais été ré-affutée et je n'ai aucune idée de comment le faire.




Donc, pour en revenir à l'établi, je me fais un plan, je vais m'acheter un lot de frène qui était déjà, en grande partie, raboté à l'usine.  J'essaie donc de refendre un de ces gros morceaux avec ma Disston "juste pour voir" pour rapidement réaliser que c'est mission quasi-impossible.  Je me tourne donc vers ma scie radiale qui a fait le travail mais qui a eu chaud pour le 8/4.  En faisant cette opération dans le sous-sol de mon mini chalet j'ai commencé à réaliser que ça me prendrait de la ventilation.

Je colle tout le plateau.  C'était le premier collage de ma vie qui, sommes toutes, a bien résisté au temps.  Faudrait que je retrouve les serres de mécaniciens que j'avais utilisé juste pour montrer que nous n'avons pas besoin de serres à 100$.  Je débute les pattes pour rapidement découvrir que je suis incapable de faire un joint tenon/mortaise correctement.  Je sors donc une vieille "cheap" toupie Black and Decker en plastique pour tenter de faire les mortaises sans obtenir un résultat adéquat.  Pour cette opération, encore une fois, tout mon sous-sol est plein de poussière et de fumée...j'en mange!  J'exagère à peine.

J'arrête tout cela, je sors du sous-sol pour prendre de l'air frais et mon épouse me demande ce que je fais là.  Je lui dis que ce n'est pas possible de travailler comme cela, que ce n'est pas un hobby qui me plait et qu'en plus, étant gaucher, tout ces outils électriques me rendent craintif, conçus qu'ils sont pour les droitiers.

Donc la construction de l'établi est à l'arrêt et je réfléchi à ce que je vais faire.  Graduellement l'idée me vient que nos anciens étaient tout à fait capable de faire tout ce travail sans nos gros outils électriques.  Je fais une petite recherche sur internet pour rapidement découvrir qu'il y a des adeptes de ce mode de travail "tout à la main".

Ça y est...je suis piqué - faites bien attention parce que j'ai bien l'impression que je suis piqué pour la vie.  Je sais que je veux apprendre ce nouveau métier mais je sous-estime la quantité de connaissances requises.  Les années passent, mon outillage manuel augmente et l'électrique diminue graduellement pour être finalement éliminé.




Maintenant que je maitrise plusieurs des aspects de ce métier, je ne voudrais vraiment pas revenir à l'électrique.  C'est évidemment plus long de tout faire à la main mais la satisfaction personnelle l'emporte haut la main.  Je peux ajuster un tenon au millième de pouce.  Même chose pour une queue d'aronde.  Même après tous ces tenons/mortaises je suis toujours aussi satisfait lorsque je réalise un de ces assemblages à la perfection.

La clé est de prendre son temps comme nos anciens devaient le faire.  La vitesse vient avec la pratique et j'ai, moi aussi, besoin de pratique.

Normand

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